Les gens ont les mêmes têtes, ici et ailleurs; quand ils parlent s'échappent de leurs glottes comme des clapotis d'eaux croupies; et ils disent qu'il fait soir et qu'il est temps de coucher nos drôles d'enfants; que rien n'y fait; qu'à trop vouloir rire on s'fait des rides; qu'à trop vouloir parler on finit vieux...
Les gens ont les mêmes envies, ici et ailleurs; des serviettes sous les fesses pour éponger les moiteurs des femmes des autres; et ils disent qu'il fait froid; et qu'il est temps de croutonner la soupe des enfants; que personne n'y peut rien; qu'à trop lire on d'vient menteur; qu'à bien s'méfier on va aux cieux...
Les gens ont les même peurs, ici et ailleurs; la Bible en bouclier, les Psaumes pour se bercer; et ils disent qu'la pluie lavera tous les péchés; et qu'il est temps de prier pour nos drôles d'enfants; que demain s'ra plus beau; que pas radoter c'est ennuyeux; qu'à rien faire on s'sent plus vieux...
Et on r'garde le ciel; tout est gris et tout est las; seuls les gens des villes ? leur vulgaire ? viennent mourir ici-bas; et je parle des gens, du vent et de mon temps; et il reste au fond d'eux le souvenir d'un enfant...
Texte et musique Alexandre George ? juin 2000 ? en hommage à Ces gens-là du grand Jacques.